[Revue Polytechnique]

[Revue Polytechnique] Des services d’imagerie à la pointe de l’innovation et à très forte valeur ajoutée

Dans son Dossier Vie des entreprises – Healthtech de mars 2024, le Magazine « La Jaune & La Rouge » interroge notre CEO Ludovic de Rochefort sur l’expertise Ventio, l’importance du partage des données de santé pour amener la recherche scientifique au lit du malade, ainsi que sur le potentiel de développement du biomarqueur QSM.

Crédit Houda Gharbi – La Jaune & La Rouge

Dossier : Vie des entreprises – Healthtech Magazine N°793 Mars 2024


Fondateur de Ventio, Ludovic de Rochefort nous explique les constats qui l’ont mené à créer cette entreprise fortement innovante qui s’inscrit par ailleurs dans la continuité de ses travaux de recherche en imagerie médicale. Il nous en dit également plus sur le positionnement de Ventio, son offre et ses services, ainsi que ses perspectives de développement.

Par Ludovic de ROCHEFORT

Qu’est-ce qui vous a amené à la création de Ventio ?

Société de service du numérique en santé, j’ai créé Ventio afin de transférer les résultats de mes recherches vers le monde socio-économique. Ingénieur de formation, je suis par la suite devenu chercheur en imagerie médicale avec une spécialisation en imagerie par résonance magnétique (IRM). Il s’agit d’un domaine particulièrement passionnant à la croisée de la physique et de la médecine, et qui offre, par ailleurs, très souvent des débouchés applicatifs pour la radiologie. Au-delà, dans le cadre de mes travaux en France et aux États-Unis, j’ai pu contribuer à de nombreux partenariats entre la recherche académique, les hôpitaux et les industriels de la HealthTech. Fort de ces expériences et en capitalisant sur ma formation et mes expertises, créer Ventio s’est donc imposé comme un choix naturel et cohérent afin d’apporter aux patients des solutions innovantes à impact. 

À quels enjeux et problématiques de santé publique répondez-vous ? 

Pour améliorer le diagnostic des maladies neurodégénératives, et plus particulièrement de la maladie d’Alzheimer, nous avons besoin de biomarqueurs. En parallèle, il y a aussi une réelle nécessité d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques et de stratifier les patients pour développer, puis suivre les thérapies innovantes sur le cerveau. Dans ce cadre, de récentes études scientifiques ont largement documenté le phénomène de mort cellulaire qui implique le fer ou ferroptose.

Plusieurs d’entre elles se sont aussi concentrées sur l’analyse et la compréhension du lien entre la ferroptose et les maladies du cerveau liées à l’âge. En effet, on sait aujourd’hui que le fer s’accumule dans certaines structures cérébrales de la substance grise profonde. Dans certains cas de figure, on observe également des accumulations anormales de fer qui peuvent survenir plus ou moins précocement. À partir de ces constats, la visualisation et le suivi du fer dans le cerveau représentent un enjeu pour la recherche médicale et scientifique. Pour ce faire, il est important de pouvoir capitaliser sur des modalités avancées d’imagerie médicale. 

J’ai ainsi fait partie de l’équipe qui a mis au point une technologie brevetée permettant justement de quantifier le magnétisme des tissus in vivo par IRM, l’imagerie quantitative de susceptibilité magnétique (QSM) qui a fait l’objet de plusieurs milliers de publications scientifiques. Cette technologie QSM est aujourd’hui progressivement intégrée à des études populationnelles, comme la UK Biobank, qui seront à même de fournir des réponses quand elles sont couplées aux données cliniques pertinentes.

Dans cette continuité, quels sont les services proposés par Ventio ? 

Notre offre est aujourd’hui centrée sur la fourniture de services numériques incluant des logiciels en mode SaaS spécialisés pour des applications de recherche et qui sont adossés à la technologie QSM et pour lesquels nous avons une exclusivité de distribution en Europe. Nous proposons aussi des services experts pour définir les protocoles d’imagerie sur les systèmes utilisés par nos clients, réaliser les contrôles qualité, analyser les images en fonction du besoin…

Avec son offre et ses services, Ventio s’adresse aux laboratoires pharmaceutiques qui développent de nouvelles thérapies sur le cerveau, ainsi qu’aux hôpitaux qui mettent en place des études multicentriques sur des cohortes de patients. En parallèle, Ventio est agréée CIR par le MESRI, ce qui nous permet d’intervenir dans la réalisation d’opérations de R&D externalisées. 

Alors que l’innovation et la R&D occupent une place prépondérante dans votre modèle, Ventio a été lauréate du premier prix de l’innovation en imagerie médicale de la société française de radiologie en 2022. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette dimension ?

Au-delà des services initiaux que la société commercialise depuis 2023, la valeur de Ventio réside dans sa capacité d’innovation et de R&D. Nous disposons aussi d’une équipe d’experts aux compétences pluridisciplinaires. On peut notamment citer Stéphane Roche, notre directeur technique habilité à diriger les recherches, qui couvrent le volet applicatif biomédical. Ventio est aussi fortement impliquée dans des travaux de recherche partenariale avec des laboratoires et des hôpitaux de référence sur ces sujets. Cela a notamment été le cas pour le projet QSM4SENIOR qui a été mené avec le centre Neurospin (CEA) et dont la finalité était d’obtenir des valeurs normatives de QSM dans le vieillissement normal.

Au-delà, Ventio a eu la chance d’obtenir le soutien de la Société Française de Radiologie au travers de son prix de l’innovation. Cette distinction crédibilise et légitime notre démarche visant à étendre nos services afin d’en faire un dispositif médical, avec des indications cliniques bien définies et validées. Ce prix, qui s’ajoute à la confiance de notre incubateur Marseille Innovation, d’Initiative Marseille Métropole et de BPIFrance, nous obligent.

Pour relever les défis d’innovation en santé, se pose la question de la donnée, sa collecte, sa valorisation et sa mise à disposition des acteurs du monde de la santé en respectant les contraintes juridiques, techniques et éthiques. Comment appréhendez-vous cette dimension ?

Les récentes initiatives visant à permettre l’utilisation secondaire de données de santé dans des entrepôts, et qui vont inclure progressivement des données d’imagerie, a vocation à nous donner accès à un formidable socle d’innovation. Ces données vont nécessairement amener la définition de nouvelles réglementations protectrices des personnes que nous devons anticiper en capitalisant sur la montée en compétences et la formation. 

Sur le volet stratégique de la protection de l’information, nous menons une veille technologique et accordons un intérêt particulier au développement de nos compétences sur les outils numériques avancés, dont l’IA et le cloud, qui sont également source d’innovation. Nos services sont, par ailleurs, proposés sur cloud souverain. Sur les aspects juridiques et organisationnels, il y a là aussi un besoin de talents aux profils pluridisciplinaires.

L’équipe a eu la chance d’être renforcée par Noémie Vang, juriste et qui a également été formée aux métiers de la qualité et au management de la sécurité de l’information. En capitalisant sur ses compétences, l’idée est de mettre en place, le plus en amont possible, une approche d’amélioration continue intégrant le périmètre normatif en jeu.

Enfin, Stéphane Roche, qui a une longue expérience de la recherche translationnelle, va faire partie de la promo 2024 du diplôme universitaire sur la réutilisation de données pour la recherche en santé (DESIU REDS), car nous envisageons d’utiliser cette voie pour démontrer le bénéfice médico-économique de nos solutions, afin de les inclure dans le parcours de soin des malades.

Aujourd’hui, où en êtes-vous ? Sur quels axes et leviers vous concentrez-vous dans le cadre de votre développement ?

Grâce à la demande actuelle pour nos services et notre réseau de partenaires sur le territoire national, nous connaissons une dynamique de croissance par l’innovation. En parallèle, nous renforçons notre équipe, nos actifs de propriété industrielle et allons étendre nos partenariats financiers afin de lever les verrous scientifiques et techniques et atteindre ainsi les objectifs médicaux visés compte tenu des enjeux sociétaux que posent les maladies neurodégénératives.